POST-BLOG 2 : La ville et ses déchets

Chères lectrices, chers lecteurs

J’avais annoncé la clôture de ce blog consacré à la littérature de la ville. Quelques-uns d’entre vous m’ayant demandé d’en prolonger la publication, qu’on ne peut normalement plus visualiser après avoir laissé deux mois sans publier, j’ai repris, quitte à les refondre ou les actualiser, quelques comptes rendus d’ouvrages ou chroniques parus durant ces trois dernières années.  

Bonne lecture.

landfill-879437_640Photo PIXABAY

POST-BLOG 2

Dans l’«Histoire de la merde » que nous conte Dominique Laporte, la ville a toute sa part : si la campagne nourrit la ville, celle-ci en contrepartie produit du déchet, à charge pour le citadin de le recycler… sur le modèle de la nature.

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XX – RETOUR A L’ECOLOGIE URBAINE, OU LA VILLE AU DEFI DU DEVELOPPEMENT DURABLE – 3) Vers une écologie du paysage urbain

 Chères lectrices, chers lecteurs

Alors qu’on se rapproche de l’ouverture de la 21e Conférence des parties à la Convention cadre des Nations Unis sur le changement climatique (COP21) à Paris, fixée au 30 novembre ; que le pape François, renouant avec les Fioretti du poveretto d’Assise, a surpris [1] en publiant Laudato si’, une encyclique sur le sujet, le temps est venu de boucler notre série d’articles relatifs à l’écologie et au développement durable (troisième du genre) en abordant la question du paysage urbain qui condense les problématiques de l’aménagement avec celles liées au respect de l’environnement. C’est cette question qui est traitée in fine, en sorte de synthèse, dans l’ouvrage collectif dirigé par Thierry Paquot et Chris Younès : Philosophie de l’environnement et milieux urbains [2].

Le chemin parcouru depuis les travaux de l’école de Chicago dans les années 20, permet de mesurer toute la distance séparant les promoteurs d’une écologie urbaine inspirée du comportement des végétaux dans leur milieu naturel des propagandistes de l’écologie urbaine qui s’est diffusée de ce côté-ci de l’Atlantique, en France notamment, à partir des années 70. Distance assimilable à un retournement épistémologique puisqu’aujourd’hui la nature n’est plus considérée comme un modèle susceptible d’être transposé pour expliquer les mouvements de population en agglomération, mais comme une composante incontournable d’un développement urbain censé être durable ou soutenable, deux qualificatifs souvent employés l’un pour l’autre, mais dont le sens, par-delà l’étymologie, diffère pourtant et n’est pas sans implications idéologiques et pratiques. De facteur explicatif, la nature, censée avoir été trop défiée dans le passé, serait ainsi en passe, quitte à illusionner ou faire diversion, d’être érigée en remède des maux économiques, sociaux, technologiques… qui nous accablent aujourd’hui. Alors que les œuvres de l’homme tendent à se retourner contre lui – ainsi en est-il des technologies du nucléaire –, la nature, de menace s’est muée en alliée, mais en alliée exigeante brandissant les risques de réchauffement climatique pour dissuader d’enfreindre les limites du soutenable. Renversement donc de perspective entre l’écologie urbaine d’hier qui tendait à naturaliser les rapports sociaux urbains et celle d’aujourd’hui qui recentre les phénomènes urbains sur ce qui fait la spécificité des groupes humains et des processus sociaux, en s’efforçant d’élucider les rapports complexes que l’homme entretient avec la nature et leurs conséquences sur le devenir des espèces – animales et végétales – en interaction les unes avec les autres. Evolution caractéristique d’une ère nouvelle désignée depuis peu par le terme d’anthropocène.

Aussi bien, le paysage urbain, compris dans sa minéralité – comme dans les pays méditerranéens – ou dans sa naturalité – à l’instar des cités-jardins anglaises –, illustre-t-il le dilemme auquel est confronté tout paysagiste appelé à intervenir en ville, chaque siècle ayant privilégié l’un ou l’autre mode d’intervention : soit travailler la matière dont la ville est issue pour la façonner à même le bâti, soit y réintroduire la nature initialement sacrifiée.

Les réflexions d’E. Daniel-Lacombe et T. Manola, dans les deux articles résumés ci-après, invitent au contraire à sortir de l’alternative pour appréhender le paysage comme articulation entre artefact et nature selon une conception intégrée relevant d’une culture qui refuse la rupture d’avec la nature, dans l’esprit d’un développement qui pour être économiquement durable n’en doit pas moins être humainement soutenable. En 1972, déjà, Serge Moscovici concluait son ouvrage La société contre nature par cette formule lapidaire anticipant sur les débats d’aujourd’hui : « Instante est certes la recherche d’un retour, non pas retour à la nature, mais retour dans la nature »,  c’est-à-dire dans un rapport positif à la nature, de collaboration et non de domination, « sociocentré », responsable.  Dans cet esprit, il ne s’agit pas tant pour la ville d’accueillir la nature, comme par compensation, que l’inverse : à savoir pour l’urbain de réintégrer la nature, bafouée, dans le respect des grands équilibres écologiques. 

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[1] Des encycliques sociales des papes, on retient surtout la condamnation du communisme, oubliant un peu vite les critiques émises à l’endroit de la société capitaliste. Dieu sait quel sort sera réservé à Laudato si’, qui plus que sociale pourrait être qualifiée d’encyclique planétaire. Dans une chronique du Monde (supplément Eco & Entreprise) du 8 juillet, ayant pour titre « Le pape François et le Nobel d’économie [Jean Tirole] » Jean-Pierre Dupuy attire pertinemment l’attention sur la dénonciation par le pontife romain du recours aux mécanismes du marché pour diminuer les émissions de CO². Comment, en effet, concilier la logique économique avec l’éthique politique quand on autorise les plus gros pollueurs à acheter des droits de polluer ? De telles préconisations ne reviennent-elles pas à traiter le mal par le mal, ou, dit autrement, à mettre en oeuvre des moyens en contradiction avec les fins poursuivies : exemple emblématique d’un conflit entre les résultats attendus, bénéfiques à court terme pour l’économie (mais à quelle échelle territoriale : nationale, régionale, mondiale ?) d’un droit – subjectif – à polluer, nuisible pour la société et la planète, et le droit – objectif – de l’environnement visant sa préservation à terme. Conflit entre utilité économique (ce qui reste à démontrer) et morale sociale (que les lois et règlements sont censés traduire en normes juridiques contraignantes).

[2] V. dans la série ayant pour titre Retour à l’écologie urbaine, ou la ville au défi du développement durable, nos précédents articles intitulés : L’école française d’écologie urbaine, otage des géographes et historiens publié le 10 mars dernier et La renaissance de l’écologie urbaine sous la bannière du développement durable publié le 12 mai.  

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XX – RETOUR A L’ECOLOGIE URBAINE, OU LA VILLE AU DEFI DU DEVELOPPEMENT DURABLE – 2) La renaissance de l’écologie urbaine sous la bannière du développement durable

Chères lectrices, chers lecteurs

A l’occasion de la rédaction de cet article, j’ai repris et entièrement refondu, celui que j’avais écrit le 13 juin 2013, à partir du recueil de textes L’école de Chicago : naissance de l’écologie urbaine, présenté par Yves Grafmeyer et Isaac Joseph, article intitulé : L’écologie urbaine de l’Ecole de Chicago : la ville comme distribution – naturelle – des communautés humaines dans l’espace. 

Le compte rendu des textes emblématiques de l’école de Chicago a été complété pour faire mieux ressortir les convergences et différences entre les différents auteurs ainsi que l’écho qu’ils ne manquent pas de nous renvoyer encore aujourd’hui comme en témoigne les comptes rendus de cette série consacrée à l’écologie urbaine dont le glissement de sens constitue un déplacement des priorités qui ne doit pas nous faire oublier l’apport des pionniers de la sociologie urbaine à la réflexion sur les dynamiques de la ville.

Lien : http://urbainserre.blog.lemonde.fr/2013/06/13/sur-le-terrain-meme-de-la-ville-le-courant-empirique-i/

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XX – Retour à l’écologie urbaine, ou la ville au défi du développement durable

Eco-quartier Vauban à Freiburg en Allemagne / Photo Claire 7373 / Wikipedia the free Encyclopedia
Eco-quartier Vauban à Freiburg en Allemagne / Photo Claire 7373 / Wikipedia the free Encyclopedia

2) La renaissance de l’écologie urbaine sous la bannière du développement durable

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XX – RETOUR A L’ECOLOGIE URBAINE, OU LA VILLE AU DEFI DU DEVELOPPEMENT DURABLE : 1) L’école française d’écologie urbaine, otage des géographes et historiens

Case Kanak / Photo Fanny Schertzer / Wikimedia Commons
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                                                                                                          Centre culturel jean-Marie Tjibaou / Photo Fourrure / Wikimedia Commons

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Y a t-il une science des villes ? un art de la ville ? jusqu’où l’urbanisme plonge-t-il ses racines ? dans une science de la société, au risque de s’y diluer ? dans une géographie mettant l’espace au premier plan ? une géographie du milieu ? ou de l’environnement ? dans l’histoire, au risque d’une vaine remontée aux origines ? à moins que ce ne soit dans une écologie qui intègre les influences du milieu sans pour autant minimiser la place de l’homme dans la nature ? une écologie urbaine. Encore faut-il s’entendre sur les termes, dont le sens, à l’origine, diffère de part et d’autre de l’Atlantique même si une convergence tend à s’imposer aujourd’hui. Convergence inachevée dans la mesure où elle supposerait avoir comblé le fossé entre sciences humaines et sciences de la nature, d’une part, savoir et pratique, d’autre part.

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