LYON-LA DUCHERE : Au coeur du renouvellement urbain, la culture conjuguée à l’action sociale (5)

Chères lectrices, chers lecteurs

La fièvre est donc retombée. Les annonces présidentielles ont semé la division dans un mouvement qui prétendait incarner la volonté du « peuple », convertissant une fracture sociale en fracture partisane ; mouvement peut-être bien près de reproduire en son sein la dichotomie, pourtant dénoncée, entre représentants et représentés pour faire enfin valoir une parole susceptible d’être entendue par les politiques.

Il n’empêche, les « gilets jaunes » ont, en occupant les ronds-points et la rue, obtenu ce qu’aucune organisation sociale ou politique, syndicat, parti…, n’aurait osé espérer en suivant les voies de la délibération, de la manifestation dans l’ordre ou de la grève. Victoire incontestable, même si elle n’est pas reconnue comme telle par les plus radicaux, mais en trompe l’œil qui masque une réalité beaucoup plus profonde : celle d’une économie néolibérale à l’origine d’inégalités de plus en plus ressenties comme insupportables et d’une démocratie malade faute d’être capable de représenter la diversité des intérêts, privés par ce fait même de relais d’expression. A défaut de s’attaquer aux problèmes de fond, il y a fort à parier que le « système », qui n’est pas à un détournement près des conquêtes sociales,  reprenne d’une main ce qu’il a cédé de l’autre. Tant que l’on renoncera à arbitrer entre une politique économique de réduction à la source des inégalités et une politique de redistribution  visant seulement à en atténuer les conséquences dévastatrices, le fossé entre les « riches » et les « pauvres » continuera à se creuser et le revenu des classes moyennes à s’éroder.  Tant que l’on reculera, par esprit de corps, devant l’inéluctabilité d’une réforme en profondeur des institutions pour y introduire la représentativité de citoyens investis d’un réel pouvoir d’initiative et « de faire », la démocratie périclitera au profit de mouvements de contestation stériles parce que déconnectés du politique. Tant que l’éducation nationale se repliera, par corporatisme, sur son pré carré, elle ne se rendra que plus impuissante à lutter contre l’obscurantisme, le sectarisme, le complotisme, l’intolérance, le déferlement des fake news qui gangrènent la société dite « postmoderne ». L’obsession du pouvoir d’achat, si légitime qu’elle soit, ne doit pas masquer le déficit culturel qui affecte les comportements et l’opinion des laissés-pour-compte de nos élites, et qui exigerait d’investir dans une conception « intégrée » de la culture faisant le lien non seulement entre l’éducation, l’instruction (civique et politique), l’information et la sensibilisation à l’art, mais également avec les développements du numérique, de l’Internet et des réseaux sociaux ; développements dont les effets pervers ne sont plus à démontrer et tendent à déborder sur les bénéfices, qui demeurent encore largement inexploités. Faute d’une prise de conscience sans concession, la coupure dénoncée entre le peuple et les élites s’accentuera.

En lançant un grand débat national sur les questions soulevées par les « gilets jaunes », le président Macron, qui a par ailleurs doublé les crédits affectés au renouvellement urbain, se serait-il inspiré de l’exemple des quartiers prioritaires de la politique de la ville où ont été mis en place des conseils citoyens engagés dans un processus de « coconstruction » des projets de rénovation ? Le gouvernement est en tous cas bien placé à travers son ministère de la cohésion des territoires – censé promouvoir un équilibre entre espaces urbanisés et ruraux – pour  en  tirer  les  enseignements ; la politique de la ville et le renouvellement urbain, terrain d’expérimentation de la démocratie de proximité défiant, en tant qu’«entre-deux territorial et social», toute tentation de polarisation.

***

Dans le quartier en rénovation de La Duchère à Lyon, la culture se surimpose au renouvellement urbain et à l’action sociale selon trois modalités portées par les deux centres sociaux, la MJC et les compagnies artistiques ; ces dernières ayant elles-mêmes leur propre mode d’intervention : l’éducation populaire pour les ArTpenteurs, le théâtre documentaire pour Le Fanal, le théâtre action pour le Lien-Théâtre. 

C’est avec Le Fanal que nous poursuivons aujourd’hui notre exploration des expériences culturelles menées à La Duchère, leur spécificité et leur impact sur le quotidien des gens affectés par les opérations de renouvellement urbain, leur cortège d’espoirs et de désillusions.   

Ainsi, avant de faire connaissance la semaine prochaine avec le Lien-Théâtre, laissez-vous guider aujourd’hui par Le Fanal.

La Duchère
Place Abbé Pierre sur laquelle s’ouvre la bibliothèque Annie-Schwartz

d) Lorsque la parole des habitants est relayée par l’expression artistique (suite)

2. L’exil rejoué et exorcisé

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LYON-LA DUCHERE : Au coeur du renouvellement urbain, la culture conjuguée à l’action sociale (6)

Chères lectrices, chers lecteurs

C’est se payer de mots que de parler de populisme de droite et de populisme de gauche. Il y « un » populisme, bien représenté dans son hétérogénéité par une frange – difficile à quantifier – des « gilets jaunes », qui puise dans le fond de commerce et de l’extrême gauche et de l’extrême droite.

Parmi les idéologies les plus colportées à cet égard : celle qui touche à la richesse et à la pauvreté en termes de vases communicants dans une conception statique de l’économie et de la société. Le fond du problème en effet, pour autant que l’on croit encore au progrès, n’est pas de prendre aux riches pour le donner aux pauvres mais, pour le « peuple » et ses représentants, de s’assurer le contrôle des conditions de la production des richesses, autrement dit de l’investissement, pour une répartition équitable des fruits de l’expansion.

De même l’histoire nous a enseigné que la démocratie directe, en déblayant par avance le terrain de la conquête du pouvoir, n’était qu’un leurre faisant le jeu des extrêmes ainsi plus libres d’occuper ledit terrain, alors que le remède à la défiance vis à vis du modèle républicain est plutôt à rechercher dans une meilleure articulation entre démocratie représentative et démocratie participative.

Les « gilets jaunes » ne constituent pas un « mouvement » mais une mouvance ayant pour origine un ressentiment contre des élites qui se sont coupées du « peuple » à la faveur de la technicisation de nos sociétés dites bien imprudemment « avancées ». Autant dire qu’on ne saurait construire une politique en l’absence de plate-forme sur laquelle la fonder. N’est-il pas, à cet égard, exaspérant de voir des intellectuels surmédiatisés censés se mettre à la place des plus démunis pour défendre leur cause, alors que la plus élémentaire psychologie nous a appris qu’il était bien vain de chercher à se couler dans la peau d’autrui. Au sens propre, sympathie n’est pas empathie, et c’est plutôt en restant à sa place, avec son bagage intellectuel et sa sensibilité propre, que l’on est le plus à même de comprendre et d’élaborer des solutions concertées, pour autant que l’on manifeste un tant soit peu la volonté d’aller à la rencontre de l’Autre, sans arrogance ni condescendance ; péché bien peu mignon, capital, des élites.

Il se trouve que sous la pression de la spécialisation des savoirs la démocratisation de l’enseignement ne s’est pas accompagnée d’une démocratisation de la culture. Pourquoi, sinon parce que l’enseignement académique s’est révélé impuissant à réaliser l’égalité des chances et à compenser les conséquences des inégalités de condition. Ce, d’autant plus que la base s’élargissait et se diversifiait et que les inégalités de revenu se creusaient. Si on ne peut demander plus à l’enseignement que ce qu’il peut donner, il n’empêche qu’en l’état de notre société postmoderne, c’est-à-dire ayant dépassé le stade analogique pour s’être engagée dans celui du numérique, une meilleure articulation entre pédagogie et apprentissage de la démocratie s’impose, conditionnée par une refonte et des méthodes d’enseignement et des programmes. Sachant que la nécessaire prise en compte des nouvelles technologies n’y suffira pas, qu’il faudra encore intégrer les contraintes résultant de la diversification des composantes culturelles de la population. Raison supplémentaire pour dépasser le débat stérile entre « républicains » et « pédagogues ».

Il est plus qu’urgent de recouvrer la raison, et si les « gilets jaunes » pouvaient se flatter d’avoir percer l’abcès, la démocratie ne pourrait que leur en savoir gré. Encore faut-il que le pouvoir, au-delà d’aveux de défaillances et de faiblesses – dont on aurait tort de lui faire grief après lui avoir reproché son arrogance –, soit déterminé à accompagner socialement les mesures de transformation structurelle de la société dans une économie mondialisée ; autrement dit, à ne pas négliger l’équité en s’attaquant aux problèmes de fond.

Considérations de bon sens rétorqueront les forts en « thèmes » ! Mais le bon sens, n’en déplaise à monsieur Descartes, est-il vraiment partagé ?

C’est donc sur un doute – cartésien néanmoins – que nous clôturons, après les 4000 de La Courneuve, notre enquête à La Duchère sur le rôle de la culture dans le renouvellement urbain, convaincu que, plus qu’un accompagnement, elle est un englobant qui imprègne la société urbaine à l’instar du paysage dans lequel baigne la matérialité de la ville. Et ce, avant d’aborder, début janvier, une ultime séquence sur « la place de la religion dans l’espace public » en prenant à nouveau l’exemple de ce quartier en rénovation du 9e arrondissement de Lyon, qui fut aussi le lieu d’une sombre rivalité entre communautés juives et musulmanes au sujet de l’implantation de leurs lieux de culte, que nous espérons aujourd’hui dépassée. Si la culture a sa source dans la religion, on n’aura garde d’oublier que la violence est originellement liée au sacré, sinon à la religion. D’où la question, qui nous ramène toujours à René Girard, de savoir, à la suite d’Olivier Roy, si l’inscription de la religion dans la culture n’est pas non plus le meilleur moyen d’exorciser ses démons.

Bonne lecture chères lectrices, chers lecteurs, belles fêtes de fin d’année et meilleurs voeux pour celle qui s’annonce avec, comme toujours, son aura d’inconnues.

Vue de Lyon de la terrasse de la MJC où le Lien-Théâtre à élu résidence et où Anne-Pascale Paris nous a reçu.

d) Lorsque la parole des habitants est relayée par l’expression artistique (suite et fin)

3. Le mal-être des jeunes, dit pour être surmonté

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LYON-LA DUCHERE : La place de la religion dans l’espace public

Chères lectrices, chers lecteurs

Ce n’est pas parce que nous entamons une « nouvelle » année qu’elle ne se situerait pas dans le prolongement de l’ancienne. Les « gilets jaunes » sont là pour nous le rappeler. Mais si le mouvement s’essouffle, sa persistance au-delà de la trêve des confiseurs, n’en manifeste pas moins une métamorphose : de mouvement revendicatif en délinquance collective n’hésitant pas à s’attaquer aux biens et aux personnes. A telle enseigne que les « black blocs » prennent la tenue des « gilets jaunes » et que ces derniers hésitent de moins en moins à adopter les comportements des premiers pour manifester sous la cagoule. Retour du refoulé ?

Après les concessions faites par le pouvoir sur le plan social et celui des pratiques démocratiques, il serait plus que temps que le gouvernement et le « mouvement » en tirent les conséquences en matière sécuritaire, sachant qu’on a plus affaire à une nébuleuse qu’à un mouvement identifiable. Il est, à cet égard, pathétique d’entendre sur les ondes les commentateurs les plus avisés exprimer pour nous, sourds mais non aveugles, ce que pensent les « gilets jaunes », ce qu’ils réclament, ce qu’ils peuvent bien ressentir ; des journalistes interpréter leurs faits et gestes à la lumière des sciences sociales ; des intellectuels de renom se croire obligés de se mettre en retrait de leur statut social pour mieux comprendre les motivations des acteurs d’un mouvement insaisissable. Il est pathétique de voir les uns et les autres suspendus aux sondages partiels effectués sur quelques ronds-points faire des pronostics sur l’avenir d’un mouvement aussi spontané ; de voir, surgissant brusquement de leur retraite, des personnalités jadis en vue exciper de leur expérience passée de la politique et des mouvements sociaux pour nous commenter des évènements inédits ; de voir des « responsables » politiques chercher, sur le fil du rasoir, à reprendre à leur compte des mots d’ordre pour beaucoup aussi contradictoires qu’inconsistants ; pathétique enfin, le souci des médias d’inviter sans plus de discernement, au nom du principe d’égalité de traitement de l’information, des « représentants » des « gilets jaunes ».

Pour être pathétique, le constat, reflet d’une faillite de notre faculté de jugement et expression de notre impuissance, n’en est pas moins alarmant. Tant de vains efforts pour essayer de dévoiler le sens d’une « geste » qui évoque des archaïsmes auxquels on ne saurait pourtant l’assimiler sans grossière méprise : les « gilets jaunes » semblent avoir désormais adopté une stratégie consommée d’agitateurs qui, n’ayant plus rien à perdre, n’aspireraient qu’à entrainer l’opinion dans un délire de mise à bas des institutions démocratiques, lesquelles, pour être malades, n’en ont pas moins le mérite d’exister en dépit de l’affadissement de leurs symboles. Pendant ce temps, en Europe même, les Hongrois manifestent pour sauver les leurs menacées par un pouvoir autoritaire se réclamant d’une conception illibérale du régime politique et d’un nationalisme sans complexe. C’est Tamas Miklos Gaspar, philosophe hongrois, qui le dit : « La Hongrie est le plus mauvais élève européen des libertés publiques et de l’autonomie des institutions. » Puisse la France ne pas le devenir à son tour à la faveur de l’exploitation politique d’un mécontentement social, qui, justifié en dépit de ses incongruités, devrait se saisir du grand débat public proposé par le président de la République en vue de conforter un régime démocratique certes vacillant mais non moribond.

La France en aurait presque oublié qu’il y a trois ans jour pour jour la tuerie de Charlie Hebdo se soldait par 12 morts et 11 blessés. Mais l’attentat djihadiste du 11 décembre dernier à Strasbourg (5 morts et 11 blessés) est venu rappeler que la menace restait bien présente. Il s’en est cependant fallu de peu que l’écho ne fut étouffé par la fureur « jaune », comme si les réflexes de solidarité ne pouvaient éviter de se faire concurrence. On rêve, n’en déplaise à Emmanuel Todd, d’une contre-manifestation d’une ampleur de celle des 10 et 11 janvier 2015 ayant rassemblé dans le recueillement quelque 4 millions de personnes dans tout l’Hexagone, à comparer aux 50 000 manifestants, des égarés parmi des excités ou des excités parmi des égarés, de samedi dernier.

Quel rapport entre ce rappel et les dérives d’un mouvement qui n’en finit pas de se chercher une identité et une plate-forme de revendications cohérentes ? Tous les évènements sont singuliers et, outre que ceux évoqués sont dans leurs conséquences humaines hors de proportions, il serait bien osé de faire des rapprochements tant les contextes dans lesquels ils s’insèrent sont différents. Sauf que dans tous les cas, ceteris paribus, on a affaire à une accumulation de frustrations, certes de causes variables, un déficit de reconnaissance, qui débouchent sur une même violence irrationnelle dont le déchainement est un défi à l’intelligence. Autant de facteurs psychologiques dont le poids dans la formation de la personnalité est sans commune mesure avec celui des conditions matérielles d’existence, bien que les premiers ne soient pas sans lien avec les secondes. Enfin, les injures à caractère ouvertement raciste, les menaces anonymes de morts proférées, y compris à l’encontre de « gilets jaunes », ne sont pas sans évoquer la barbarie qui, avec son lot de violence et d’obscurantisme, sommeille, sans l’excuse des influences extérieures, sous le volcan dont ces derniers entretiennent l’éruption, quoiqu’ils en aient ; sachant que l’histoire récente nous a appris combien le passage à l’acte, dépourvu de signes avant-coureurs, pouvait être vite franchi.

Traditionnellement couleur de l’infamie, mais qui serait en voie de réhabilitation, « le jaune a un bel avenir devant lui  » affirme en bonne part Michel Pastoureau (Le petit livre des couleurs). Acceptons-en l’augure.  

Aussi, n’est-ce pas tout-à-fait par hasard que nous reprenons aujourd’hui notre enquête sur le renouvellement urbain du quartier de La Duchère à Lyon. Après avoir exposé la relation que la rénovation entretenait avec la culture, grande oubliée des piliers du développement durable, il reste, en effet, à nous interroger sur la place qui peut être réservée à la religion dans l’espace public, alors même que fait retour cette violence à laquelle elle est originellement liée. Et ce, avant de conclure la semaine prochaine sur le pilotage interdisciplinaire des opérations d’aménagement et des actions sociales et culturelles qui les accompagnent.

Bonne lecture.

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Duchère : Flèche de l’église de Balmont convertie en cinéma d’Art et d’Essai

La place de la religion dans l’espace public, son articulation avec la culture

Il faut compter, parmi les institutions et les acteurs qui participent à la vie du quartier, avec le Foyer protestant, très présent et les représentants des autres confessions. Annie Schwartz dans ses « Mémoires d’un grand ensemble » en 1993 se faisait l’écho de « liens intercommunautés » ayant contribué à l’instauration « d’une certaine harmonie dans la cohabitation de personnes aux sensibilités et aux origines ethniques différentes ». Elle rapporte que « ces liens privilégiés entre les trois communautés, renforcés par des contacts individuels et de voisinage ont abouti à la naissance du Groupe Abraham, un groupe presque unique selon Ali Benald » de l’Association de la Communauté musulmane de La Duchère qui lui explique que « nous sommes partis du constat que juifs, chrétiens, musulmans, nous avions le même Dieu et que par conséquent, il ne pouvait pas nous dire des vérités différentes ». Pourtant en mars 2002, la synagogue, voisine de la mosquée, était l’objet d’une agression matérielle unanimement condamnée par les représentants des trois communautés. Cela n’a cependant pas suffi à calmer les esprits, au point que la synagogue a dû envisager son déplacement.

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LYON-LA DUCHERE : La coordination des actions sociales et culturelles avec les opérations de rénovation urbaine

Chères lectrices, chers lecteurs

La France s’emballe sur des petites phrases, le moindre propos est désormais prétexte à polémique exploitable politiquement. La violence de la parole fait écho à celle de la rue et inversement. Détachés de leur contexte – linguistique et social – les mots perdent leur sens, laissant les acteurs et les témoins de leurs faits et gestes dans un vide funeste que la violence vient combler.

Il suffit que le président mette en garde contre l’affaiblissement du « sens de l’effort » sur fond d’agitation des « gilets jaunes » pour que le propos soit interprété contre eux, nonobstant la circonstance qu’il s’adressait à des apprentis boulangers, dont il reconnaissait, par ailleurs, la « dureté » du métier, faisant au passage l’éloge du travail manuel. Dans une autre conjoncture sociale, toutes tendances confondues ou presque, les observateurs auraient applaudi.

Ironie de l’histoire, provocation de la littérature, horrifiques par ce qu’elles évoquent l’une et l’autre de turpitudes terrifiantes, c’est en pleine période révolutionnaire que Donatien Alphonse François de Sade, qui s’y connaissait en la matière, lançait son exhortation dans La philosophie dans le boudoir : « Français, encore un effort si vous voulez être républicains. » Brulot politique intercalé entre les « performances » toutes plus audacieuses les unes que les autres d’un roman érotique !  

Il n’empêche, le « mouvement » des « gilets jaunes » le prouve plus de deux cent ans après, il y a encore maints efforts à faire, contexte historique et culturel mis de côté, pour devenir vraiment républicains, autrement dit, littéralement, attachés à la chose publique ; les excès auxquels se sont laissé entraîner les plus radicaux des « gilets jaunes » le démontrent : injures à tonalité ouvertement raciste, agressions contre des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, menaces de morts contre des personnalités en vue, destructions matérielles, violences physiques contre les personnes, simulations d’exécution capitale en effigie, gestes obscènes devant les caméras… L’agressivité, la haine et la trivialité frisant la barbarie ne connaissent plus de limites. Le drame de ce « mouvement » est que, dépourvu d’identité, ne lui reste que le recours à la violence pour exister. Affirmer, comme certains, qu’il est représentatif de la population dans son ensemble, alors qu’il ne peut même pas prétendre l’être de ses couches sociales inférieures, relève du sophisme. Mais, à défaut de pouvoir en identifier les composantes, du moins peut-on relever celles qui échappent à son emprise : les habitants des centres-villes, ceux des grands ensembles périphériques, le rural authentique, les immigrés… ; puissants et riches, vulnérables et précaires réunis dans le même sac. Le mouvement des « gilets jaunes » pourrait, ainsi, se définir en creux (négativement) à partir des catégories qui ne se reconnaissent pas en lui, aussi hétérogènes que celles qui s’en revendiquent ; une espèce d’entre-deux hâtivement qualifiée de classe moyenne, dont la définition reste insaisissable.

Faute d’un contenu revendicatif cohérent, qui en conditionne le réalisme, les formes de la mobilisation et ses mots d’ordre n’en expriment pas moins un malaise dont il est trop facile a posteriori de prétendre que les conséquences en auraient été prévisibles. Ce qui est sûr, c’est qu’il remonte à loin, que ses causes – économiques, sociales et politiques – ont été identifiées de longue date, mais que le pouvoir actuel ne saurait pour autant s’exonérer de la responsabilité qu’il porte dans la conduite d’une politique économique qu’il n’a pas su accompagner, faute d’en avoir anticipé les dégâts collatéraux sur l’état de santé, physique et moral, de la société dont il a la charge.   

Le gouvernement aurait tort de compter sur la division du mouvement pour espérer en finir avec les désordres dont ce dernier est à l’origine. Une telle division, qui s’esquisse déjà, comporte en effet un risque d’autant plus élevé qu’elle entraine à sa suite un clivage plus général de l’opinion, déjà sensible, mettant face à face deux France en opposition frontale : une prête à débattre de son devenir, pendant que l’autre ne rêve que d’en découdre. Comme si opposer la France des riches à celle des pauvres, la France des métropoles à celle des périphéries, la France des villes à la France rurale… ne suffisait pas. Tous face-à-face périlleux, mais dont le dernier en date est le plus explosif, propice à une exploitation par les extrêmes, en embuscade depuis le début des émeutes à défaut d’avoir pu récupérer le mouvement – rejeté par les partis – à leur profit.  

D’où l’urgence de prendre au mot la lettre du président de la République aux Français et de jouer « en confiance » le jeu du grand débat – sachant que la question de son débouché sur des propositions concrètes reste posée – pour exorciser le démon d’un « terrorisme » qui a tombé le masque samedi dernier. Un regret tout de même : que parmi les thèmes abordés – la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté – l’éducation, l’école et la culture n’aient pas été mentionnés. Même si aucune piste n’est exclue, la crise actuelle était une opportunité pour en souligner les enjeux ; la qualité de l’expression politique citoyenne étant très largement tributaire de ce triptyque, dont le développement et les conditions de mise en oeuvre nous apparaissent primordiaux. Ne serait-ce que pour aider à se dégager des oppositions binaires simplistes qui pourrissent les débats politiques, pour retrouver le sens des nuances qui témoignent de notre lucidité, pour détecter les fake news, décrypter les slogans, pour savoir s’orienter à bon escient dans les réseaux sociaux, savoir analyser les images, animées ou non, pour être à même, enfin, d’interpréter les discours des leaders en évitant de tomber dans les pièges d’une rhétorique fallacieuse. Si la culture n’est pas l’horizon des « gilets jaunes », elle n’est pas un luxe pour autant. L’exercice de la démocratie, compte tenu de la volonté de participation exprimée, pourra de moins en moins se réduire à l’insertion d’un bulletin de vote dans l’urne. Elle a vocation à se développer pleinement à travers la parole des citoyens. 

Aussi bien, est-ce sur le souhait d’initiatives nombreuses et pertinentes allant dans ce sens pour faire échec aux tentatives de manipulation de l’opinion, que nous publions, en ce jour de présentation officielle du grand débat public, le dernier volet de notre rapport d’enquête sur la place et le rôle de la culture dans le renouvellement urbain des quartiers prioritaires de la politique de la ville, laissés-pour-compte – parmi d’autres pas moins défavorisés – du « mouvement ». Volet placé sous le sceau de l’interdisciplinarité à travers la coordination  d’un développement social-urbain intégré.

Bonne lecture.

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Tour panoramique, au pied de laquelle est installée la Mission Duchère

La coordination des actions sociales et culturelles avec les opérations de rénovation urbaine (conclusion)

Les associations sont nombreuses sur le quartier, de toutes natures et vocations. C’est tout un tissu social riche et divers, à l’image de sa population, sur lequel les équipements réalisés avant et après la rénovation peuvent s’appuyer.

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LES 4000 DE LA COURNEUVE : La promotion de la culture (2)

Chères lectrices, chers lecteurs,

Après le décès d’un jeune de 12 ans lors d’un affrontement entre bandes en Seine-Saint-Denis, les questions de sécurité reviennent au premier plan de l’actualité conférant d’autant plus de crédit aux déclarations de l’ex-ministre de l’intérieur et rendant d’autant plus déplorable sa démission ; lui qui avait commencé à mettre en place une police de sécurité du quotidien, police de proximité qui ne dit pas son nom. Dispositif dont il se serait honoré à suivre la mise en application et les résultats.

Lui même avouait qu’il en fallait plus pour changer les « quartiers », mais passait sous silence les actions des acteurs de terrain, dont l’action culturelle. Exemple : les 4000 de La Courneuve dont nous poursuivons aujourd’hui la publication de l’enquête réalisée en 2014-2016 avec le soutien de l’Institut CDC pour la Recherche, la SCET et l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional d’Aix-en-Provence.

C’est démontrer que si l’on veut en finir avec les errements de 40 ans de politique de la ville, il importe, au-delà du déploiement de moyens en faveur de la sécurité, de faire jouer tous les leviers : sociaux, économiques, urbains, éducatifs et culturels…, judicieusement coordonnés dans l’espace, pour rompre avec l’isolement, et dans le temps pour faciliter la transition entre générations.

Bonne lecture.

Les 4000 Sud de La Courneuve Centre culturel Jean Houdremont

II.  De « l’art du mouvement » à « la culture hors les murs » avec la scène conventionnée Houdremont

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LES 4000 DE LA COURNEUVE : La promotion de la culture (5)

Chères lectrices chers lecteurs

Dernier volet de notre enquête sur l’espace culturel des 4000 de La Courneuve. Conclure serait d’autant plus prétentieux que la notion de culture étant élastique, on ne saurait donner une réponse univoque à ce qu’elle peut. Elle est cet entre-deux – entre la matière de la ville et ses habitants – qui diffuse dans le corps social après l’avoir infusé. Bien commun, elle ne saurait être mise au service de quelque cause que ce soit sans se perdre. Son autonomie par rapport aux pouvoirs publics garantit la force de conviction de ses expressions qui, dans leur diversité, font, autant sinon plus, appel aux émotions qu’à la raison. 

Autant de réflexions à chaud, d’un point de vue d’aménageur, bétonneur ou verdisseur c’est selon (le point de vue – qui n’est pas un surplomb – est fondamental). Il y aurait beaucoup à dire aujourd’hui, sur les leçons alors tirées de cette enquête réalisée entre 2014 et 2016. Nous les avons restituées telles quelles sans rien retrancher, conscient, avec le recul, de leur décalage par rapport à ce que l’actualité nous livre en pâture au travers du filtre des médias, mais aussi de la permanence des problématiques soulevées. C’est que, derrière le métissage des cultures, conséquence de la fonction de « sas » de « quartiers » soumis à des mouvements croisés de population, émerge, malgré tout, sur le terrain, un fond culturel commun que les institutions, associations et artistes de rue contribuent à enrichir et cimenter.

Aussi bien, la Culture n’a-t-elle pas à être subordonnée à l’action sociale comme peut l’être le socio-culturel, sans pour autant que la fonction de ce dernier champ d’intervention – nécessaire médiation – doive être dévalorisée. S’agissant de la Culture, à l’inverse du socio-culturel, c’est à la société urbaine de se mettre à son service pour en promouvoir la fonction intégratrice, réfractée dans sa diversité. Et ce, parce que la Culture, de par son statut, transcende les relations sociales.      

Bonne lecture.

La Courneuve – Les 4000 Nord Maison pour Tous Cesaria Evora

La culture comme « bien commun »

Kamel Daoud, écrivain et journaliste, auteur de Meursault, contre-enquête, en dénonçant la misère sexuelle dont nombre de ressortissants de pays musulmans étaient victimes, a relancé le débat sur l’interprétation culturaliste ou sociologique, pour ne pas dire économique, des faits sociaux. Travers d’une pensée binaire incapable de dépasser ses contradictions : la culture comme facteur explicatif face à l’économie et à la sociologie, alliées pour les besoins de la cause – une fois n’est pas coutume. Pourtant, la violence djihadiste ne saurait pas plus être réduite à un phénomène religieux que culturel ; il y a des facteurs sociaux et, au-delà, économiques qui influent sur les comportements comme pour ce qui concerne la délinquance ou la toxicomanie. Mais ce n’est pas pour autant que la culture dominante, qui imprègne toute société et, plus ou moins consciemment, marque les individus, doit être exonérée de toutes responsabilités. Si la situation économique et sociale n’excuse pas des comportements propres à certaines cultures, c’est que la culture véhicule des valeurs qui peuvent selon les cas favoriser ou, à l’inverse, freiner des évolutions, voire les contrarier. « Aujourd’hui, nous lance à la volée une animatrice, habitante des 4000, à la sortie d’un centre de loisirs, on fait trop dans le social, on permet tout – le halal, le kasher… – et on excuse tout ».

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LE REEQUILIBRAGE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE sous l’éclairage (indirect) de Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry, économistes inquiets

Extrait de « Histoire des jouets » de Henry René (1902)
Flickr

« Que m’importent les controverses, et les arguties des docteurs ? Au nom de la science ils peuvent nier les miracles ; au nom de la philosophie, la doctrine et au nom de l’histoire les faits.  […] Même, il me plaît qu’ils y parviennent, car ma foi ne dépend en rien de cela. »[1]

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DU PLAN BORLOO A LA METHODE MACRON, QUOI DE NOUVEAU ?

Bonaparte au Pont d’Arcole peint par Antoine-Jean Gros (photo Joconde Database – Wikimedia Commons)
Emmanuel Macron n’aura pas de trop de ses « grognards » au Conseil présidentiel des villes ou ailleurs pour rétablir la liaison des quartiers avec la ville, de l’urbain avec le social, de l’urbanité avec la ruralité

Pour un plan enterré, les promesses d’une méthode

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TROIS SITES EMBLEMATIQUES DE RENOUVELLEMENT URBAIN : Les 4000 de La Courneuve, Lyon-La Duchère, Les quartiers Nord de Marseille

Chères lectrices, chers lecteurs

Avant les vacances j’avais publié de larges extraits d’une étude réalisée en collaboration avec trois autres collègues, retraités de l’aménagement comme moi, dans le cadre et avec le soutien d’un partenariat rassemblant l’Institut CDC pour la Recherche, la SCET, filiale opérationnelle de la CDC, et l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional d’Aix-en-Provence.

Les conditions de réalisation de cette étude ne nous ont pas permis de la mener avec toute la rigueur souhaitée. Ayant dû adapter notre démarche en conséquence, l’étude que nous avons rendue fin 2016 après plusieurs avaries – accidents de santé, tracas d’intendance – relève de ce fait plus du témoignage que d’une véritable recherche.

D’une durée programmée initialement sur deux ans, notre travail, dont le projet avait été déposé à l’automne 2011, s’est en fait déroulé sur plus de cinq en raison de ces vicissitudes. Sans doute n’avons-nous pas su faire comprendre aux membres du partenariat le sens de notre travail tel que nous l’envisagions à un tournant de la politique de la ville impulsé par la loi de Programmation pour la Ville et la Cohésion Urbaine du 21 février 2014. Les conclusions arrivent un peu tard – encore que ce ne le soit jamais pour infléchir un mouvement, à défaut d’en renverser le sens – et ce serait à présent un autre chapitre à ouvrir, alors même qu’un nouveau gouvernement, formé sous une présidence élue dans l’enthousiasme des uns et le scepticisme des autres, reprend les choses en main sans que l’on connaisse encore bien ses orientations.

C’est pourquoi notre travail a aujourd’hui plus valeur de bilan que d’orientations, ces dernières suggérées par nos interlocuteurs alors que s’esquissaient le nouveau PNRU. Aussi, bien que datée, est-ce à la demande de plusieurs d’entre vous que nous nous sommes résolus malgré tout à publier en feuilleton la synthèse de cette étude dans son intégralité.

Etant bien conscients des imperfections et de l’inachèvement de cette enquête dont les données auraient, pour le moins, gagné à être actualisées, c’est à vous aujourd’hui de juger du résultat et d’en tirer, s’il y a lieu, des leçons pour la poursuite du renouvellement urbain.

Pour commencer nous vous livrons un résumé des conclusions auxquelles nous sommes parvenus et qui nous ont été soufflées par nos interlocuteurs, acteurs du développement urbain, habitants inclus, une centaine en tout, de provenance aussi diverse que les thèmes abordés l’exigeaient.

Si vous le souhaitez, vous pouvez, pour obtenir toutes informations complémentaires sur ce travail ou me communiquer vos observations, toujours bien venues, m’écrire à l’adresse e-mail suivante : serre-jean-francois@orange.fr.

Dans l’espoir de susciter votre intérêt, même et surtout critique, bonne lecture.

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Trois sites de renouvellement urbain emblématiques : les 4000 de La Courneuve, Lyon-La Duchère, les quartiers Nord de Marseille

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Cité idéale, attribué à Fra Carnevale (XVe siècle) – Walters Art Museum de Baltimore
                                               Cliché Wikipedia

Résumé d’une étude-témoignage

Un constat est à l’origine de l’étude. Depuis plus de trente ans la politique de la ville alterne les politiques : immobilières, urbaines, sociales, en faveur de l’emploi…

Une interrogation vient se superposer à ce constat : comment se fait-il que le rapport de l’Observatoire National des Zones Urbains Sensibles (ONZUS) pour 2014 conclue à une accentuation des écarts entre les quartiers politique de la ville et les autres ? Constat non contredit par les rapports pour 2015 et 2016 de l’Observatoire National de la Politique de la Ville (ONPV) qui a succédé à l’ONZUS.

D’où l’hypothèse que cette situation pourrait être imputable à la difficulté des acteurs de la politique de la ville à articuler – pour nous en tenir aux quatre thèmes que nous avons choisi de placer sous le projecteur – les aspects urbains, sociaux, économiques et culturels ; difficulté recouvrant une impuissance à se donner une représentation intégrée de la ville et de ses quartiers dans leur environnement à la fois physique et humain ; l’alternance des politiques cherchant à compenser, bien en vain, ce déficit de vision globale, l’inconstance dans la stratégie se payant du prix de la pérennisation de politiques d’exception et temporaires basées sur des mesures de discriminations positives hésitant entre leur application aux territoires et aux gens.

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II – TROIS SITES EMBLEMATIQUES DE RENOUVELLEMENT URBAIN : synthèse comparative

Chères lectrices, chers lecteurs

Si par la teneur alléchés du résumé de l’étude-témoignage du renouvellement urbain des 4000 de La Courneuve, de Lyon-La Duchère et des quartiers Nord de Marseille postée le 10 septembre dernier, ou plus sérieusement par intérêt affectif, intellectuel, professionnel, vous ne craignez pas de vous lancer dans la lecture de ce feuilleton, nous vous invitons, en préalable, à prendre aujourd’hui connaissance des motivations de ses auteurs (une équipe de cinq retraités prématurément amputée d’un de ses membres pour raison de santé) et de l’esprit – à défaut de méthode rigoureuse – qui ont présidé à la réalisation d’une aventure émaillée d’imprévus et de quelques contrariétés.

Sachant que la semaine prochaine, nous rentrerons de plain-pied dans notre sujet par l’inscription des sites étudiés dans leur contexte géographique et historique.

Bonne lecture

Les 4000 de La Courneuve : quartier de La Tour

 

Marseille : quartiers Nord – Secteur du Merlan
La Duchère : place Abbé Pierre

A la mémoire de Marcel Hénaff, qui a si bien su relier, avec autant de sobriété que de pénétration, dans son ouvrage, La ville qui vient (Editions de L’Herne, 2008), joyau de la littérature de l’urbanité, l’avenir pressenti des villes à leur fondement anthropologique, indissociable de leur fondation matérielle. La ville qui vient, source d’inspiration de ce qui fut au coeur de cette enquête.

SYNTHESE COMPARATIVE

« Il ne s’agit plus seulement de livrer des logements en plus grand nombre possible. Il s’agit de faire naître des quartiers nouveaux composés avec tous les équipements publics et les activités commerciales, artisanales ou industrielles nécessaires pour qu’ils aient eux-mêmes une vie collective propre tout en s’intégrant dans un ensemble urbain ou régional plus vaste.»  

Pierre Sudreau, ministre de la construction de 1958 à 1962

Selon une enquête conduite par Paul Clerc dans 53 grands ensembles d’agglomérations d’au moins 30 000 habitants en 1965, 88% des habitants d’immeubles collectifs se déclaraient satisfaits de leur logement… comparé à celui occupé précédemment.

« En quoi le passé, ses réussites comme ses erreurs, peut aider pour éclairer les actions à venir ? »  

Jacques Jullien, ancien directeur régional de la SCET

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