XVI – TROIS SITES EMBLEMATIQUES DE RENOUVELLEMENT URBAIN : la gouvernance

Chères lectrices, chers lecteurs

Dans l’Introduction générale à l’Histoire de l’Europe urbaine, Jean-Luc Pinol écrit : « … la ville est un phénomène total où se condensent l’économique et le social, le politique et le culturel, le technique et l’imaginaire et, partant, toute approche fractionnée qui privilégierait un domaine unique au dépend des autres manquerait de pertinence […]. » C’est que « ville et société ne se comprennent que dans leurs interrelations ».

De même qu’on ne peut pas détacher les déterminations géographiques des causalités historiques, on ne saurait pas plus dissocier la promotion des populations urbaines du développement économique qu’isoler l’attention portée à la forme urbanistique et architecturale des villes de celle qui devrait l’être à la condition sociale de leurs habitants.

Dès lors, pourquoi, depuis que la politique de la ville existe, cet acharnement à dénoncer la dissociation de l’urbain et du social dans le traitement des maux de la ville s’il est aussi évident qu’elle constitue un tout indissociable, la preuve étant qu’elle est vécue comme tel par le citadin, bien placé pour le savoir ? 

C’est pourtant là que se situe le problème, dans la théorie aussi bien que dans la pratique, et il ne suffit pas de le balayer d’un revers de main pour le voir résolu : ne vivant pas dans et par la ville comme le citadin, l’expert qui se penche à son chevet, de par la prise de distance que requiert l’exercice de son art, en perd la vue d’ensemble. Prisonnier du découpage « disciplinaire » hérité de l’université, il serait vain de croire qu’il pourrait s’en affranchir dans la pratique, qui ne fait que reproduire la division du travail universitaire.

D’où l’importance primordiale de ce qu’il est convenu d’appeler la « gouvernance », censée, en rompant les hiérarchies traditionnelles, mieux assurer la coordinations des acteurs et la convergence des disciplines pour retrouver le vécu enseveli sous les strates du savoir accumulé. Encore faut-il que les habitants ne soient pas oubliés. L’examen des modalités, non plus seulement de leur association, mais bel et bien de leur pleine implication, fera l’objet de notre prochain article.

En attendant, bonnes fêtes de fin d’année et, accessoirement, bonne lecture.       

Mairie de La Courneuve

1. La gouvernance à travers les modes d’action et de pilotage

La loi Borloo de 2003 avait privilégié la rénovation physique. Les violences urbaines de l’automne 2005 ont attiré l’attention sur l’importance à accorder aux aspects sociaux (cf. le lancement de la dynamique « Espoir banlieues » et la promulgation de la loi pour l’Egalité des Chances en mars 2006), mais sans pour autant inverser les priorités par rapport à l’urbain. La loi Lamy de 2014 a traduit sur le papier une volonté d’équilibre, mais en maintenant au sommet la séparation entre les organes respectivement en charge de la rénovation (Agence Nationale de Rénovation Urbaine : ANRU) et du renouvellement urbain au sens large du terme (Commissariat Général à l’Egalité des Territoires, CGET, héritier de l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances, Acsé, regroupée avec la DATAR et le Secrétariat Général du Comité Interministériel des Villes).

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XVII – TROIS SITES EMBLEMATIQUES DE RENOUVELLEMENT URBAIN : de la participation à la coconstruction, à défaut d’empowerment

Chères lectrices, chers lecteurs

Si le gouvernement des villes est fondé sur le principe de démocratie, il s’en faut encore de beaucoup qu’il en soit de même de la gouvernance des projets urbains. Il y a dans cette constatation un paradoxe, comme si la proximité qui est caractéristique du projet urbain pouvait dispenser de mettre en oeuvre des démarches participatives. Le passage historique du « gouvernement » à la « gouvernance » promettait pourtant une rupture des hiérarchies traditionnelles au bénéfice de circuits de décision horizontaux incluant les acteurs au côté des experts. Et quand nous disons acteurs, c’est y compris les habitants, acteurs de leur destinée liée à un cadre de vie où ils ont des repères, à défaut de racines. C’est donc aussi du passage de la notion d’usager (développement durable oblige) à celle de «  »citoyens », indissociable du statut de « citadin », qu’il s’agit.

En promouvant la coconstruction la loi du 21 février 2014 portant programmation pour la ville et la cohésion urbaine devrait, à cet égard constituer une étape décisive dans la démocratisation des politiques appliquées à la ville. « Coconstruction » et non « empowerment » : passation de pouvoirs mais sans dessaisissement, la technicité domine trop la matière et l’intérêt général surplombe de trop haut les intérêts de proximité pour qu’il en soit autrement.

Bonne lecture, mais avant tout, puisse, chère lectrice, cher lecteur, cette nouvelle année vous être favorable, à vous, à vos proches, comme à ceux qui, ayant bien mieux à faire, ne me lisent pas.

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Quartiers Nord de Marseille en chantier, avec les grues érigées à l’arrière plan
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