XIII – TROIS SITES EMBLEMATIQUES DE RENOUVELLEMENT URBAIN : la question foncière et l’attraction de la culture

Chères lectrices, chers lecteurs

Après la phase de présentation générale et de diagnostic des quartiers politique de la ville de La Courneuve (les 4000), Lyon (La Duchère) et Marseille (Malpassé et Saint-Barthélemy), nous avons abordé dans la dernière livraison de notre blog la scène urbaine à partir de la question du peuplement dont nous avons entamé la critique. Nous poursuivons aujourd’hui avec la question foncière avant de présenter la semaine prochaine l’aménagement spatial. Les acteurs du développement urbain et le problème posé par le partage des compétences entre disciplines, qui vient singulièrement compliquer ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui d’un terme vague : la gouvernance, seront abordés par la suite.

Certes, il faut compter avec la part de subjectivité – inévitable – de l’exercice. Néanmoins, il n’est rien, des conclusions que nous avons tirées de notre enquête, qui ne nous ait été suggéré par nos interlocuteurs. S’il ne faut donc pas rechercher de scoop dans cet exposé, qui ne prétend nullement se situer à la hauteur d’une recherche académique, nous n’en estimons pas moins que les témoignages recueillis à travers une centaine d’entretiens méritent d’autant plus attention que le président de la République, le 14 novembre dernier à Tourcoing, après s’être attaché à redéfinir les objectifs de la Politique de la ville et énumérer quelques unes des mesures concrètes de leur mise en oeuvre, s’est prononcé en faveur d’une « méthode différente ».

En attendant que le recadrage de la politique de la ville se précise, sans doute n’est-il pas vain de revenir, à travers trois sites « emblématiques » de renouvellement urbain, sur un bilan de 40 année d’atermoiements pour en tirer des enseignements susceptibles de guider les politiques à venir.

Bonne lecture.

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b)   Quand la question foncière est mise sous le boisseau alors que la culture passe sur le devant de la scène

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Les 4000 de La Courneuve : plan de masse d’origine – Secteurs Sud-Ouest et Nord séparés par le carrefour des Six Routes, lieu d’implantation de la future gare du Grand Paris Express
« La ville est l’inscription au sol des rapports sociaux. »                                                                                                    Henri Lefebvre – La révolution urbaine

Projetons-nous dans une utopie[1]. Imaginons que les déterminants économiques s’effacent devant les déterminants sociaux, que ceux-ci cèdent devant les déterminants ethniques, lesquels, à leur tour, laissent place à la liberté de choix des individus en capacité de puiser dans le fonds culturel de l’humanité les ressources correspondant aux aspirations de chacun. Est-ce pour autant que les discriminations disparaitraient ? Sans doute pas, sauf à imaginer un nivellement culturel abolissant toute hiérarchie verticale au profit d’une différenciation purement horizontale des valeurs[2]. Mais on sait de longue date, et les tragédies de ces derniers temps en ont ravivé la douloureuse mémoire, que ce n’est pas le niveau culturel qui constitue une garantie contre la barbarie, mais les valeurs transmises d’une génération à l’autre[3]. Cette utopie censée réaliser les idéaux de liberté et d’égalité du réseau des réseaux – le Web – n’en a pas moins la vie dure, qui consacre la dissolution des territoires, de leurs limites, la perte de tout ancrage, le triomphe du virtuel. Aussi, réhabiliter le territoire, est-ce reconnaître le double rôle des frontières dans l’affirmation des identités et la circulation sélective des valeurs ; sélectives au sens où n’importe quelle valeur ne vaut pas pour tout le monde dans n’importe quel contexte. Entre universalisme égalitariste et relativisme différentialiste la voie est peut-être étroite, mais il n’en est pas d’autres qui respectent la diversité paradoxale de notre commune humanité.

Comment, donc, approcher l’idéal d’ubiquité d’une telle utopie sans succomber au vertige, sans perdre le contact avec la réalité humaine, sinon en composant, bon gré mal gré, avec les intérêts, de nature économique, liés à la répartition des hommes dans l’espace urbain et en renouant par ce fait même avec les fondamentaux de l’aménagement, dont le foncier au premier chef, pour lutter contre la spéculation et constituer les réserves foncières à la base de toutes politiques urbaines refusant la tyrannie du marché. La solution, s’il en est une, ne réside-t-elle pas dans une politique foncière décidée à mobiliser tous les outils à disposition, moyens financiers en plus, depuis la Loi foncière de 1967, en faveur d’une mixité choisie ? Le projet de loi Egalité et Citoyenneté, prétendant tirer les leçons des méfaits d’une concentration dans l’espace de la pauvreté et de la précarité, quand ce n’est pas du terrorisme djihadiste, a mis en avant la question des attributions de logements sociaux. Mais n’aurait-il pas bien plutôt fallu reprendre le problème à sa source et remonter la chaine des valeurs liées à l’habitat depuis la valeur foncière dont dépend la localisation du logement jusqu’à l’attribution de son droit d’usage en passant par la valeur d’échange sur laquelle sont fondées les trajectoires résidentielles, en rapport avec les déplacements des zones d’emploi ?[4] A toutes les époques on a buté sur le foncier dont la valeur économique a toujours constitué un frein au libre choix du lieu de résidence et à la mobilité, sachant que celle-ci contribue à conjurer les risques de ségrégation inhérents à la répartition de l’habitat dans l’espace. Faute d’avoir été anticipé, le problème, dans une conjoncture budgétaire très contrainte, est aujourd’hui accru ; certes la loi Egalité et Citoyenneté promulguée le 27 janvier 2017 comporte un chapitre sur le « développement des stratégies foncières » (chapitre III), mais bien timide, visant à plus de transparence du marché foncier, et surtout sans prévoir de moyens supplémentaires, comme si l’accent mis sur les attributions de logements sociaux pouvait faire passer au second plan la question foncière, qui détermine pourtant celle de l’offre et de sa localisation[5].

On a un peu l’impression d’inventer un problème pour en masquer un précédent devenu gênant. Les inégalités se creusent, la pauvreté et la précarité tendent à augmenter, les classes moyennes déclinent. Qu’à cela ne tienne, on orchestre la dispersion pour rendre moins visible ce qui offense la bonne conscience. La diversité est érigée en richesse, la mixité sociale portée aux nues, quitte à se voiler les difficultés de cohabitation[6]. Et, non sans contradiction, on prohibe la publication de toutes statistiques dites pudiquement ethniques. Quant à l’antienne de la mixité de l’habitat, condition de la mixité sociale, associée à une sectorisation scolaire élaborée pour contourner les effets néfastes de la ségrégation spatiale sur le niveau scolaire des enfants, elle est d’autant mieux reprise quelle recouvre le silence imposé sur la pénurie de foncier et la spéculation. Dans ces conditions, la tentation est de se replier sur une politique d’attribution basée sur des présupposés touchant les incompatibilités de cohabitation dans le patrimoine des seuls bailleurs sociaux, défaisant ce que des affinités avaient forgé au fil du temps par-delà la disparité des niveaux de vie et la variété des couleurs de peaux.

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Le plateau de La Duchère : Plan d’aménagement primitif et plan de la rénovation

Reste la question de la culture, de plus en plus mobilisée sous ses multiples formes : expressions graphique, chorégraphique, dramatique, musicale, poétique…, avec le risque de ne constituer qu’une diversion distrayant des problèmes de fond.

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La Duchère Maison des Jeunes et de la Culture

Il est néanmoins primordial, à ce sujet, de faire le départ entre animation culturelle et développement culturel. L’animation culturelle, qui relève de ce qu’on appelle traditionnellement le socioculturel, n’a d’autre but, pour ce qui est de notre domaine d’investigation, que de venir en appui du développement social, de chercher à apaiser le surcroit de souffrances subies par des habitants contraints à des déménagements alors même que beaucoup sont déjà des déracinés, d’aider, enfin, à l’appropriation des projets de rénovation urbaine. C’est le rôle des centres sociaux, artistes et compagnies théâtrales auxquels les collectivités ont de plus en plus recours pour panser les plaies de l’économie mondialisée et de la société qui s’en trouve rejetée dans ses marges. Mais C’est cependant bien à tort que le socioculturel est ravalé au rang d’une culture de seconde zone. Animation et développement culturels, ont bien la culture en commun, et l’une et l’autre puisent dans les mêmes sources, mais alors que la première s’adresse à un groupe social déterminé en fonction des objectifs visés, le second s’applique à l’édification de la personne à travers l’éducation, l’instruction et l’activité des grands équipements qui ont pour vocation la création, la production et la diffusion de la culture : bibliothèques, musées, Maisons de la culture, théâtre… Les Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC) se situant dans une position intermédiaire entre les centres sociaux et les grands équipements sont, à cet égard, bien placées pour faire le lien entre la Culture avec un grand C et la société[7].

On rejoint ainsi la distinction entre deux conceptions de la culture qui ne sont peut-être pas si opposées qu’on a voulu le croire, à preuve qu’elle ne recoupe que grossièrement le clivage gauche/droite. C’est depuis les années de l’accession de Frédéric Mitterrand au ministère de la culture que le débat s’est déplacé dans une perspective néolibérale visant à promouvoir la culture pour chacun opposée à la culture pour tous, expression chère à André Malraux et Jack Lang lorsqu’ils étaient en poste rue de Valois. L’objectif était dans cette nouvelle perspective de rapprocher la culture des gens conformément à une politique de la demande : « libre » à chacun de s’orienter vers les expressions culturelles de son choix, i. e. à sa portée en fonction de son niveau d’instruction ! A l’inverse la politique de l’offre en matière culturelle visait plutôt à les amener à la culture en conformité avec l’ambition de rendre accessible au plus grand nombre la culture des élites. Posée en des termes différents, la première de ces position, celle défendue par Frédéric Mitterrand, recoupe certes celle promue en leurs temps par Malraux[8] ou Jack Lang, mais s’inscrit dans une perspective relativiste, et non plus universaliste, assortie d’un non-dit : celui de l’infériorité des cultures dites populaires, urbaines (subcultures au pluriel), par rapport à la Culture avec un grand C et au singulier. Ainsi, alors que la gauche politique se situerait plutôt du côté de la demande en économie (ce qui est moins vrai depuis la conversion, encore timide, du Parti Socialiste à l’économie de l’offre), elle tendrait à se positionner de plus en plus sur l’offre en matière de culture. Et la droite inversement. Comme si dans chaque camp le privilège accordé soit à l’offre culturelle soit à la demande pouvait racheter les travers de l’autre, comme s’il pouvait y avoir une offre sans demande et inversement. On prend d’autant mieux conscience du paradoxe que, dans nos sociétés capitalistes avancées, les créations culturelles tendent de plus en plus à être assimilées à des produits marchands. Mais il faut aussi considérer que l’on est dans des registres qui relèvent de logiques différentes. Et si l’on peut distinguer une politique culturelle de droite et une autre de gauche, ce n’est pas pour autant que l’on doive parler d’une culture de droite et d’une culture de gauche[9].

C’est peu dire que la culture mérite plus qu’une aura plaquée sur la misère du monde, qu’elle est en soi un bien, et un bien commun à partager sans considération de niveaux mais de valeurs à promouvoir pour le mieux-être et le mieux-vivre ensemble. Ayant pris la conscience et la mesure de cette profondeur de champ que représente le culturel, il n’y a pas de sens à établir une hiérarchie entre culture d’élite et culture de masse, Culture avec un grand C et culture dite populaire. Il y a une culture au quotidien dans laquelle les grands auteurs puisent et, réciproquement, une culture classique susceptible d’inspirer la culture de tous les jours, diffuse autant que fugace[10]. C’est entre ces deux cultures qui s’ignorent que des artistes engagés, comme à La Duchère ou à La Courneuve, s’efforcent de dresser des passerelles, par-delà les préjugés, pour renouer les liens sociaux qu’un multiculturalisme inconséquent a distendu, pour que des jeunes que leur mal-être précipite dans la violence retrouvent un sens à leur existence. Car, pour lutter contre les préjugés et les discriminations, il ne suffit pas de faire appel à la raison, encore faut-il se donner les moyens d’apaiser les passions, d’où le recours à l’expression artistique sous ses multiples formes.

« L’art, écrit Bernard Paris, l’urbaniste de la rénovation de La Duchère, fédère autour de lui les habitants qui vont exister, se raconter, transmettre, mais aussi s’ouvrir à l’autre, s’exprimer en tant que citoyens du monde. Il est un vecteur, un moteur de la nature humaine. La mémoire fait partie de façon constante du travail de l’artiste. C’est elle qui fait avancer et progresser l’homme, qui le construit. En ce sens, l’art sous toutes ses formes doit être un élément constitutif des projets de renouvellement urbain. »[11]

Entre condition économique et développement culturel la société urbaine se positionne tant bien que mal, son cadre de vie lui offrant une assise à la construction de laquelle les habitants entendent contribuer, comme les témoignages recueillis sur les trois sites de l’étude l’ont démontré. Il ne faudrait pas hâtivement en déduire que, contrainte à la base par les conditions économiques, la société urbaine s’en sortirait mieux par le haut, c’est-à-dire la culture, dont la diffusion lui serait prodiguée comme un supplément à l’éducation et comme en compensation d’un déficit économique. Mais, l’économique leur échappant pour une grande part, les édiles sont d’autant plus tentés par l’action culturelle, plus à leur portée. Il n’en est pas moins justifié de faire appel à la médiation culturelle, à condition de ne considérer la culture que comme un des leviers, certes non des moindres, du développement humain au côté du sport, de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’action sociale, de l’emploi… Incantation des médias auxquels les clercs malgré qu’ils en aient n’échappent pas, l’intégration – qui n’est ni purement économique, ni simplement sociale, ni seulement culturelle – est à ce prix.

BJ, JJ, BP, JFS – Juillet 2017
Réalisé avec le soutien de l’Institut CDC pour la Recherche, la SCET, l’IUAR d’AIx-en-Provence

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[1] Nous empruntons le raisonnement à la théologie négative.

[2] George Steiner adopte un point de vue différent dans son ouvrage titré Dans le Château de Barbe-Bleue et sous-titré Notes pour une redéfinition de la culture : « La perte d’une centralité à la fois géographique et sociologique, l’abandon ou le dépérissement de l’axiome du progrès historique, notre sens de l’échec ou des faiblesses extrêmes du savoir et de l’humanisme face à l’action sociale, signifient la fin d’une commune hiérarchie des valeurs. » Et encore : « Les oppositions horizontales de l’ordre classique sont devenues verticales et, souvent, confuses. » Exemples d’oppositions : « entre la civilisation occidentale et le reste du monde, entre celui qui sait et celui qui ne sait pas, entre le privilégié et l’homme du commun, entre l’autorité de l’âge et la dépendance de la jeunesse, entre les sexes. »

[3] Dans Tristes Tropiques, Lévi-Strauss avait déjà fait observer à propos de l’invention de l’écriture qu’« elle paraît favoriser l’exploitation des hommes avant leur illumination. » Et, quelque peu résigné, il ajoutait : « Si l’écriture n’a pas suffi à consolider les connaissances, elle était peut-être indispensable pour affermir les dominations ».

[4] Valeur d’usage, valeur d’échange, valeur vénale : le sens commun qualifie la valeur d’échange, monnayable, de valeur vénale. Dans la terminologie marxiste, l’épargne populaire rémunérée à des taux inférieurs à ceux du marché financier pour être réinvestie dans le logement social et les équipements publics est assimilée à du capital dévalorisé. Reste à savoir comment les valeurs foncières, différenciées selon les situations, se répercutent sur le système hiérarchisé des valeurs que les groupes sociaux véhiculent et qui sont à la base des discriminations, par quelle alchimie elles s’en trouvent affectées ?

[5] Rappelons que 60% de la population, dont les ressources sont inférieures au plafond, est éligible à un logement social (mais 15,2% seulement de la population occupe un tel logement). La disposition phare de la loi Egalité et Citoyenneté concerne les attributions de logements pour « casser la logique de ségrégation », en prévoyant que 25% des logements sociaux disponibles hors des quartiers prioritaires de la politique de la ville seront réservés à 25% des ménages relevant du premier quartile des demandeurs les plus pauvres (actuellement, 19% des logements sociaux seulement sont attribués aux demandeurs les plus pauvres, 12% en Ile-de-France). Encore faut-il qu’il y ait suffisamment de logements sociaux dans lesdits quartiers, réputés plus « attractifs ». Un amendement de François Pupponi, président de l’ANRU, auquel s’était opposé le gouvernement qui avait pourtant prévu une disposition allant dans le même sens lors de la réunion interministérielle du 6 mars 2015, visait à plafonner à 50% la part des attributions de logements sociaux au plus pauvres dans les quartiers prioritaires et les communes ayant 40% de leur population dans ces quartiers. Le texte finalement adopté le 22 décembre 2016 par l’Assemblée nationale a prévu que la conférence intercommunale du logement pourrait, dans une optique de diversification de l’habitat, adapter le pourcentage des attributions réservées pour tenir compte de la situation locale.  Sur la question de la mixité de l’habitat, la loi prévoit un renforcement des dispositions de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain de 2000 relatives aux seuils de 20 et 25% de logements sociaux, selon les situations, à atteindre par les communes (durcissement des conditions d’exemption, renforcement des contraintes de rattrapage et aggravation des pénalités). Enfin concernant le foncier, si la loi prévoit bien de compléter le diagnostic foncier des PLH par la définition d’une stratégie foncière, elle se contente de rendre obligatoire la mise à disposition des données de l’Etat, la création d’observatoires du foncier et de garantir la sécurisation des Etablissements Publics Fonciers en cas de regroupements d’EPCI.

[6] L’article de référence sur le sujet date de… 1970 (Revue française de sociologie 11-1) : Proximité spatiale et distance sociale : les grands ensembles et leur peuplement, de Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire, enquête sur le grand ensemble de Massy. Le sujet a été repris par Michel Pinçon sur le Sillon de Bretagne à Saint-Herblain en Loire Atlantique en 1980 (compte-rendu d’enquête de 1981 dans la même revue : La cohabitation des groupes sociaux dans un ensemble HLM).

[7] Rappelons qu’à l’époque de la création des Maisons de la Culture André Malraux, le mouvement des MJC avait subi des pressions pour qu’elles renoncent à l’utilisation du mot culture et adopte la dénomination réductrice de Maison des Jeunes.

[8] Dans un appel du 5 mars 1948 adressé salle Pleyel aux intellectuels et reproduit dans la postface des Conquérants, Malraux s’exprimait tout en nuances ainsi : « Il ne s’agit pas de contraindre à l’art les masses qui lui sont indifférentes, il s’agit d’ouvrir le domaine de la culture à tous ceux qui veulent l’atteindre. Autrement dit, le droit à la culture, c’est purement et simplement la volonté d’y accéder. »

[9] Le débat entre politique de l’offre et politique de la demande, entre culture pour tous et culture pour chacun se double de l’alternative, plus traditionnelle, opposant les tenants de la démocratie culturelle, postulant une conquête seulement à entretenir… par la stimulation de la demande, et ceux de la démocratisation de la culture pour qui la culture pour le plus grand nombre reste encore un but à atteindre.

[10] Sur le rapport entre « culture de masse » et « culture d’élite », v. le recueil de textes de Michel de Certeau : La culture au pluriel. Dans une introduction érudite de l’œuvre de Rabelais (édition bilingue des cinq livres des Faits et Dits de Gargantua et Pantagruel parue début 2017 chez Gallimard), Marie-Madeleine Fragonard fait observer qu’au Moyen Age et à la Renaissance « on aurait plutôt une culture commune de base à quoi lettrés et aristocrates ajouteraient des denrées d’ailleurs différentes. » Et elle ajoute : « La différentiation et l’hostilité de ces deux ensembles se construiraient progressivement et bien plus tard, le temps sans doute que la civilité impose son contrôle des corps, et l’imprimerie son contrôle de la pensée ». Age d’or où culture classique et populaire se mêlaient, à laquelle la culture mondialisée d’aujourd’hui, mixte d’élitisme et de pop médiatisé par l’argent et véhiculé par les grands groupes de la presse et de l’audiovisuel, ferait écho ?

[11] Extrait de la brochure intitulée : Rénovation urbaine dans le Nord – Témoignage d’un architecte-conseil de l’Etat (novembre 2015). Il écrit encore : « Un projet urbain ne peut se construire seulement sur une stratégie de composition ou d’objectifs de démolition, il doit se nourrir de la géographie, de l’histoire et de la dimension humaine des quartiers quand ils sont habités. »

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A suivre : c) De la forme urbaine au paysage urbain

Pour m’écrire : serre-jean-francois@orange.fr

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